COUP DE GUEULE: LE CONSEIL PEDAGOGIQUE CONSULTE...

Publié le par snesuhry

coup_de_gueule-160x134-2.jpgLe Conseil Pédagogique devait être consultatif. Le voilà qui consulte les personnels. C'est bien, me direz-vous. Sauf que cette consultation rappelle curieusement celle, impromptue et à main levée, que le Proviseur s'était cru autorisé à improviser un jour de prérentrée, alors que les collègues n'avaient ni eu le temps d'y réfléchir ni d'en débattre.

A l'époque il s'agissait de tenter de contourner les organisations syndicales et les élus des personnels. Le soucis ne semble pas très différent aujourd'hui. D'autant plus que les propositions qui nous sont aujourd'hui présentées n'ont pas fait l'unanimité, même au Conseil Pédagogique.

De quoi s'agit-il? De vie scolaire, plus exactement de gestion des retards et des téléphones portables. On nous propose purement et simplement de décharger les enseignants de cet aspect des choses, ce qui au premier abord paraît alléchant. Ouf! Sauf que portables et retards ne constituent pas nos seules difficultés, loin de là. Nous nous trouvons trop souvent face à un comportement d'élèves -et ils sont de plus en plus nombreux dans ce cas- incompatible avec le travail scolaire. On se lève. On mange. On se parle d'un bout dse la salle à l'autre. On pose la question à laquelle l'enseignant a déjà répondu six fois. On bavarde continuellement. Et puis les toilettes, l'infirmerie...

Il s'agit là de manifestations qui font partie d'un tout, que les sociologues ont identifié depuis pas mal de temps, et qu'ils nomment "chahut anomique". Endémique (un peu tout le temps et partout), il ne bouleverse pas l'ordre scolaire (c'est pourquoi les sanctions sont impuissantes) mais le subvertit à ses propres fins. Aussi les réponses proposées par ceux qui ont étudié le phénomène tournent elles autour de l'établissement de routines et de nouveaux (et parfois d'anciens) rituels.

Une chose est sûre: la réponse est globale et elle n'est pas administrative. Ce n'est pas une question d'organisation ou de réglement. On s'en est aperçu dans les collèges ZEP, où ceux qui justement ont mis l'accent sur ces questions sont aussi ceux où la descente aux enfers a été la plus rapide. C'est tout le climat de l'établissement qu'il faut modifier, en donnant du sens, et en créant un contexte qui laisse peu de place à ce genre de comportement. Cela passe sans doute par une réflexion -et ce serait là un thème autrement fertile pour le Conseil Pédagogique- sur tout ce qui crée de la stabilité, de la continuité, de l'encastrement dans du lien social.... tout le contraire de ce que l'on s'évertue de faire depuis des années.

On n'apprend pas seul. On apprend avec ses pairs. Et avec ses enseignants. Encore faut-ils que les premiers ne changent pas à chaque récréation et que les seconds ne soient pas aussi nombreux que les élèves, comme ce fut le cas dans une classe cette année.

Quant à la vie scolaire, elle pourra sans doute faire un travail efficace quand elle n'aura plus à faire constamment du travail administratif à la place des personnels dont on a supprimé le poste, quand on cessera d'y accueillir des personnels qui en sont à leur nième situation précaire faute d'un vrai emploi (avec un demi-SMIC s'il vous plait), quand on fera l'effort de les former...

Il n'y a pas de y'a qu'à. Le climat de l'établissement n'est pas indépendant de celui du quartier, de la mixité sociale, du taux de chômage, des inepties gouvernementales...  C'est dire que la solution n'est pas pour demain matin. Il faudra de longs efforts. Et encore à condition d'aller dans la bonne direction et de s'attaquer aux causes, en amont. On semble aujourd'hui vouloir se contenter de sparadraps.

Certains m'en voudront de dire cela. Ils n'en peuvent plus d'attendre. Ils attendent depuis si longtemps. Cela justifie-t-il pour autant qu'on leur raconte des bobards?

Lucien Klein.

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