LA FAILLITE D'UNE POLITIQUE D'ILLUSION

Publié le par snesuhry

illusionniste-2.jpgIl n'y a pas de mots assez durs pour décrire cet acharnement aveugle, qui caractérise aujourd'hui Jules Uhry, et qui consiste à tourner le dos à ce qu'il faudrait faire, à mettre en oeuvre tout ce qui ne marche pas et à rester obstinément sourd à ce que l'expérience nous apprend. Tout dans la conduite de l'établissement est illusion. Mais à trop tirer de lapins du chapeau on finit par fatiguer le spectateur, surtout quand la ficelle est grosse et le tour de passe-passe mal exécuté.

Malgré leur caractère parfois contestable, les indicateurs de performance de l'établissement apportent un démenti cinglant: le lycée ne progresse pas, et les multiples expérimentations -menées la plupart du temps en dépit du bon sens- ne font que déstabiliser un peu plus un établissement qui n'avait pas besoin de cela.

Premier enseignement: la polarisation de l'établissement. En terme de taux de réussite, la déconfiture des séries les plus liées à la poursuite d'études et les plus éloignées du monde professionnel (L, ES et L) se poursuit, au rebours de l'ambition affichée, au rebours aussi des besoins de la Picardie qui souffre de l'insuffisance d'ambition des familles. Cette polarisation interroge, même si le caractère particulier du recrutement en ST2S -il s'agit là d'un public "captif" qui ne peut pratiquer l'évitement- fournit sans doute un élément de réponse.

Second enseignement: d'une année sur l'autre, les mouvements erratiques des taux attendus font douter de la pertinence des renseignements récoltés en ce qui concerne l'origine sociale des élèves et la situation des familles. C'est dire que tout le reste -les "valeurs ajoutées" notamment- est à manier avec la plus extrème prudence.

Troisième enseignement: la chute du taux d'accès des secondes au baccalauréat, c'est à dire de la capacité de garder nos élèves et de les mener au bac. C'était un point fort de l'établissement; il était traditionnellement supérieur au taux attendu (et à une époque, le lycée Jules Uhry faisait même mieux que Marie Curie). Cette période est révolue.

Quatrième enseignement: la chute de la proportion de bacheliers parmi les sortants. L'établissement a souhaité réduire artificiellement le redoublement et cela se révèle totalement contre-productif. Il y a en effet une particularité isarienne: l'Oise est moins tentée que les deux autres départements picards par les filières professionnelles et technologiques et fait réussir ses élèves aux forceps, c'est à dire justement au moyen du redoublement et obtient ainsi des résultats supérieurs à ceux de la Somme et de l'Aisne. Par un retournement de perspective totalement intéressé (économiser des moyens, toujours et encore) on a fait passer un point positif pour une carence... et bien sûr Jules Uhry n'a pas su résister à la tentation. Pourtant il n'est pas difficile de comprendre que si le redoublement n'est pas la solution, il n'est pas non plus le problème et qu'il ne suffit pas de le supprimer pour que l'élève réussisse. Quant au soi-disant tutorat qu'on a fait miroiter aux familles alors qu'il n'existait même pas dans la plupart des cas.... Toujours est-il qu'on paie le prix fort aujourd'hui: sur les trois dernières années la proportion de bacheliers parmi les sortants s'effrite: 75, puis 74 puis 73%.

Il y a là la faillite d'une politique. Faillite d'une politique nationale. Faillite aussi d'un engouement local à mettre en oeuvre n'importe quel dispositif sans aucun discernement, sans le moindre esprit critique, sans même la simple volonté d'en mesurer objectivement les effets.

Va-t-on enfin mettre tout sur la table et reprendre les questions une à une? La réponse est non. On va continuer cette politique d'illusion qui récompense l'incurie par des primes. C'est d'ailleurs pour ça que l'on a labellisé l'établissement CLAIR. Pour pouvoir aller encore plus loin.

Forte houle sans doute mardi, au conseil pédagogique. A moins que la question ne soit pas évoquée. On pourra toujours boire le thé!

Publié dans LA FSU A JULES UHRY

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