CONGRES DEPARTEMENTAL DU SNES: LES TEXTES EN DEBAT...

Publié le par helgvor

QUELLE RECONNAISSANCE POUR NOS METIERS?

Les métiers de l'enseignement et de l'éducation souffrent d'un manque de reconnaissance de plus en plus net depuis une dizaine d'années. Remis en cause dans leur compétence et leur autorité, appelés à assurer des tâches de plus en plus nombreuses, sans évolution de leur rémunération, dans des conditions d'exercice de plus en plus difficiles, ils sont de plus en plus soumis à la hiérarchie locale et à l'arbitraire dans leur carrière.

Alors que la dernière revalorisation globale date de plus de quinze ans, il convient que le SNES formule des revendications claires et offensives pour remettre la profession dans un mouvement revendicatif pour nos métiers.

UNE REVALORISATION NECESSAIRE: TOUS AGREGES! (H. Le Fiblec)

Depuis 1989, la revalorisation de nos métiers est en panne. Aujourd'hui le métier d'enseignant est le moins bien reconnu, financièrement, de tous les emplois de cadre de la fonction publique. Un certifié commence avec un salaire supérieur d'à peine plus de 200€ par rapport au SMIC, et le corps des agrégés a été "décroché" des carrières de la catégorie dite A+.

Il est actuellement, sans doute plus que jamais, nécessaire d'unifier la profession dans une revendication commune de revalorisation. De 1950 à nos jours, l'objectif d'intégration dans le corps des certifiés a permis à de nombreuses catégories d'enseignant de bénéficier de revalorisations tout à fait substantielles, même si toutes ne sont pas faites dans des conditions optimales. Néanmoins, que cela soit d'un point de vue de la rémunération, des conditions et du temps de travail, ou encore du respect de la qualification, des progrès immenses ont été ainsi enregistrés. Il semble aujourd'hui qu'il faille faire un pas de plus et avancer l'objectif de faire du corps des agrégés "le" corps du second degré.

Déjà le SNES s'était fixé comme un objectif d'en faire le corps de "référence", sans que cela se traduise concrètement dans une démarche qui continue de juxtaposer des revendications catégorielles distinctes.

Il faudrait passer à l'étape supérieure, et, sans remettre en cause nos demandes d'amélioration de la situation des agrégés, demander l'arrêt du recrutement de certifiés, avec l'augmentation du nombre de postes à l'agrégation à hauteur des besoins, un plan d'intégration en cinq ans de tous les certifiés, en prenant principalement en compte leur mode d'accès au corps et leur ancienneté, dans le corps des agrégés, et la mise en place d'aides réelles aux étudiants pour leur permettre d'accéder au niveau de diplôme requis pour se présenter à l'agrégation.

La question de l'amélioration de la valeur du point d'indice, de la refonte de la carrière, des primes et des indemnités devra aussi se poser.

C'est le seul moyen à la fois d'élever le niveau de qualification des enseignants et d'offrir une vraie perspective de revalorisation dont bénéficierait la très grande majorité des enseignants des lycées et collèges.

LUTTER CONTRE L'ARBITRAIRE DANS LES MUTATIONS ET LA CARRIERE (P. Clément)

Avec les dernières attaques en date contre nos services (projet de révision du décret de 50, attaques sur les TZR...), il y a un grand risque de dérive dans les affectations des collègues et les conditions de travail qui en découlent.

En effet, les personnels revendiquent le droit àune mobilité choisie, et non à un service dans un établissement (voire une discipline...) imposé. La mobilité doit répondre à des règles statutaires et claires, qui excluent au maximum les affectations par défaut ou en extension. Or, pour cela, il faudrait trouver des postes sur le terrain en nombre suffisant.

La multiplication des nominations sur plusieurs établissements, le nombre de collègues nommés en ZR en extension ainsi que la diminution scandaleuse des postes disponibles réduisent d'autant les possibilités de mutation pour les collègues. Les menaces sont nombreuses cette année encore: le Ministère a pour projet de rendre le barème indicatif! Il faut lui garder toute son importance, et veiller à ce que la carrière, l'ancienneté en restent les éléments essentiels, et qu'ils ne soient pas remplacés par une mutation "à la tête du client"...

Pour ce qui est dela progression dans la carrière: l'exemple du traitement de la Hors-Classe -qui a laissé de côté nombre de collègues qui en auraient bénéficié avant- nous enjoint à demander le retour à une véritable prise en compte de l'ancienneté, ainsi qu'une évolution de carrière qui garantisse un accès de tous aux indices les plus élevés de leur corps. Cela passe par une réévaluation des critères y donnant droit, tout au moins la prise en compte à nouveau des anciens critères d'attribution.

L'amélioration de la carrière est aussi intimement liée à l'amélioration des conditions de travail. Nous devons aussi repenser les fins de carrière: les dispositifs actuels sont-ils satifaisants?

Un gros point noir est bien sûr la réforme des frais de déplacement (et ISSR pour les TZR), qui ne garantit plus aux collègues les remboursements nécessaires, entraînant parfois des situations inacceptables.

AMELIORER L'ENTREE DANS LE METIER (E. S.)

-2 juin: conseil de classe avec mes élèves de seconde. Après, les grandes vacances.

-1er septembre: rien, pas de poste.

-1er octobre: rien, toujours pas de poste.

-bilan: une entrée dans le métier par... quatre mois de "vacances"!

Voilà un cas concret d'entrée dans le métier: c'est le mien! Jamais je n'aurai pensé commencer ma carrière par "rien" ou par quelques remplacements dans mon établissement de rattachement!

Cet exemple montre d'emblée la difficulté d'entrer dans le métier pour les jeunes enseignants tout juste néo-titulaires! Comment accepter cette situation après avoir espéré, et s'être battu pour décrocher un CAPES?

Durant la formation IUFM, les stagiaires sont pour la plupart propulsés dans de "bons" établissements sans réels problèmes. Et, un stagiaire IUFM redevient aux yeux de cette formation un ... collégien: il faut presque un mot d'excuse des parents pour un retard aux cours d'IUFM... je caricature à peine! Dans ce système, les stagiaires sont très dirigés. Dans le cas de l'IUFM d'Amiens, la formation disciplinaire est très bien assurée. En revanche, l'administration nous laisse croire à un avenir "tout rose", on nous donne des exemples de sorties, d'actions culturelles, de projets interdisciplinaires, etc, etc. On ne peut être que séduit par ces actions! On nous assure que l'on pourra mettre tout cela en place très rapidement. Or pour ces projets, il faut encore avoir un poste et... des élèves!

J'insite tout particulièrement sur le cas des TZR parce que la majorité des néo-titulaires sont dans ce cas: lors du mouvement 2006, plus d'un néorecruté sur deux n'a pu obtenir de poste fixe en établissement, triste record historique! L' Académie d'amiens compte plus de 150 TZR de lettres pour ne donner qu'un exemple. Aujourd'hui pour bénéficier d'un poste fixe, il faut un barème de points assez conséquent! Certains jeunes enseignants ont intégré de très bons établissements avec un barème de 21 points! Oui... mais c'est de la chance! En tant que jeunes enseignants, les seuls recours sont... les bonifications familiales! Un célibataire sans enfants peut, lui, travailler quinze ans pour avoir les 150 points donnés par un PACS ou un mariage! Certains collègues sont TZR depuis plus de cinq ans, non pas par choix mais uniquement parce qu'ils ne sont ni mariés, ni pacsés et n'ont pas d'enfants! De ce fait les célibataires sont les victimes de ce système! D'où les nombreux pacs blancs!

Tout porte à croire, que l'Education Nationale décourage les nombreux jeunes néo-titulaires. Pour cela plusieurs méthodes très dictatoriales sont employées: affectation dans des établissements réputés très "sensibles", éloignement géographique, déracinant le jeune enseignant, affectation dans une ZR sans aucun remplacement;;;! Et si vous n'êtes pas satisfait... on vous répond que vous pouvez toujours démissionner! C'est une belle entrée dans le métier, extrèmement encourageante!

Il est absurde de voir des collègues changés d'académie aussi brutalement, ou bien de voir des TZR de Compiègne affectés à Beauvais et des TZR de Beauvais affectés à Compiègne! Le rectorat doit pouvoir justifier l'affectation de ces remplaçants! Pour faciliter l'entrée dans nos métiers, il faut adopter un panel de mesures diversifiées et concrètes comme le service allégé les premières années, des droits sociaux nouveaux (aide à l'installation dans toutes les régions, accès au logement...).

 

 

Publié dans LA FSU A JULES UHRY

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