L’INSTRUMENTALISATION DES TUTEURS CONDUIT A L’EXTINCTION DU TUTORAT

Le Proviseur a annoncé dans son intervention de prérentrée que seuls une dizaine de collègues s’étaient déclarés volontaires pour être tuteurs dans le cadre du dispositif destiné à remplacer le redoublement à l’issue de la seconde. Il en a paru étonné. C’était pourtant parfaitement prévisible.

Le dispositif, déjà largement imparfait au départ (comment espérer surmonter par quelques actions ponctuelles des handicaps accumulés au fil des ans depuis le primaire ?) a de plus été très maladroitement mis en place dans l’établissement. Et l’on n’a par exemple jamais défini à quel type d’élèves il s’adressait exactement. Résultats : certains tutorés ne se présentaient même pas aux rendez-vous.

Au lieu d’entendre les collègues, de se faire le porte-parole des critiques au Rectorat, la Direction a fait le choix inverse. Là où le Projet d’Etablissement prévoyait une évaluation sérieuse, elle a fabriqué de toute pièce, en court-circuitant les élus des personnels, un bilan tellement fantaisiste qu’elle n’a même pas osé en faire état au Conseil d’Administration. Elle a fait comprendre à chacun que le dispositif serait reconduit, quoi qu’il arrive. Pire, elle a tenté d’instrumentaliser la bonne volonté des tuteurs, en affirmant que l’existence même de tuteurs dans l’établissement constituait un désaveu des positions critiques du SNES.

Le tutorat, dans ces conditions, devenait autre chose qu’un dispositif au service des élèves : un instrument visant à marginaliser le Conseil d’Administration, un outil de management autoritaire, un moyen de lutte antisyndicale. Et les collègues en ont tiré les conséquences.

Bien sûr, la Direction  ne va pas en rester là, et quelques volontaires plus ou moins désignés viendront compléter les effectifs, après de discrètes tractations, de manière à présenter une façade acceptable. En réalité personne n’y croit plus. A force de dire « ça passe ou ça casse », ça finit toujours par casser.